Le générique des Feux de l’amour résonne jusque dans le couloir de l’hôpital, avec ses violons grandiloquents. Dans la chambre, sur le plateau-repas, une brique de jus d’orange côtoie la Bible et un livre corné de mots croisés. La kiné demande : « Vous êtes prête, Mme Etienne ? On y va ? » La patiente ferme les yeux et prend sa respiration. Ses longues tresses caressent sa blouse médicale.
Elle se lève doucement, chancelle un peu. Les pas sont hésitants, difficiles. La kiné l’encourage et pousse au fur et à mesure l’appareil à oxygène auquel sa patiente est reliée. Bras dessus, bras dessous, les deux femmes avancent lentement dans le couloir. Un groupe de soignants se retourne pour observer l’exploit. « C’est la première fois qu’elle marche comme ça, se félicite la kiné. Il y a deux semaines, elle ne parvenait pas à tenir assise au bord du lit. »
Marie-Ange Etienne, 62 ans, est une rescapée du coronavirus. Trois semaines plus tôt, cette employée d’un Ehpad était en réanimation dans un hôpital de Marne-la-Vallée (Seine-et-Marne). Dix-huit jours de coma. Son mari et ses enfants lui ont rendu visite en rêve. « Je me suis vue mourir. C’est là que je me suis dit : “Ah, je ne suis pas dans la bonne voie”. » Quand elle a rouvert les yeux, une ambulance l’a transférée ici, à l’hôpital de Forcilles, à Férolles-Attilly, en Seine-et-Marne.
No comments:
Post a Comment